Notre environnement de travail joue un rôle important dans tout cela. Le fait est que nombre de ces facteurs sont inhérents à notre profession et ne peuvent être modifiés. Cependant, un certain nombre de mesures organisationnelles peuvent être prises pour réduire le stress et d’autres symptômes néfastes.
Détecter les signes de stress
Les professionnel(le)s de la santé et les vétérinaires sont régulièrement exposés à des facteurs de stress importants : délais à respecter, charge de travail excessive, incertitudes sur les traitements et surcharge émotionnelle due à la prise en charge de patients souffrants et mourants et de leurs propriétaires.
Des personnes souffrant de stress chronique peuvent observer des changements dans leur façon de penser ou de ressentir les choses. Il se peut qu’elles se sentent isolées, nerveuses, indécises, négatives ou incapables de se concentrer. Elles peuvent également modifier leurs habitudes alimentaires (en mangeant moins ou plus que d’habitude), adopter des habitudes toxiques pour lutter contre le stress ou avoir des difficultés à dormir.
Le stress affecte chaque personne de manière différente. Ce qui peut être insupportable pour certains, d’autres peuvent le supporter sans problème.
L’environnement de travail comme cause de stress
« Dans sa forme la plus simple, le stress au travail repose sur notre perception subjective du moment où les exigences auxquelles nous sommes confrontés dépassent notre capacité à y faire face », expliquait Elinor O’Connor lors du congrès de la BSAVA en 2018.
Le stress affecte chaque personne de manière différente. Ce qui peut être insupportable pour certains, d’autres peuvent le supporter relativement bien. Les études sur les causes du burn-out ont montré que les six domaines de travail les plus liés à son incidence sont :
– La charge de travail
– Le contrôle sur son propre travail
– Le manque de compensation professionnelle ou financière
– Le manque de sentiment d’appartenance à une équipe
– L’impression de ne pas avoir un travail « juste » par rapport aux collègues.
Les déséquilibres qui affectent la charge de travail ainsi que le manque de contrôle peuvent aggraver le burn-out en raison des exigences excessives et conduire à un état d’anxiété caractérisé par l’impression que l’on est surchargé de travail et/ou que l’on ne dispose pas de temps suffisant pour le terminer. À l’inverse, il a été constaté qu’une charge de travail gérable permettait de conserver son niveau d’énergie.
Le manque de contrôle joue également un rôle important dans tout cela. Les employés ont le sentiment de ne pas disposer de l’autonomie nécessaire pour prendre des décisions et modifier leur charge de travail. Des exigences professionnelles élevées associées à un manque de contrôle conduisent au stress professionnel et au burn-out.
Améliorer la charge de travail et l’équilibre entre la vie professionnelle et privée
C’est un fait que la profession vétérinaire implique un rythme accéléré, avec une charge de travail importante, de longues heures de travail et des horaires incompatibles avec les relations familiales et sociales.Une bonne planification des consultations et des interventions chirurgicales permet d’éviter une surcharge de travail.
Cependant, la journée de travail peut être organisée de manière plus équilibrée. Certaines cliniques ont mis en œuvre les approches suivantes, qui ont donné d’excellents résultats :
- Planifier les rendez-vous de la matinée en prévoyant une heure et demie pour le déjeuner. Cela laisse une demi-heure de marge pour couvrir les retards et le personnel disposera encore d’une heure ensuite pour déjeuner et se détendre.
- Finir les consultations une demi-heure avant la fin de l’horaire de travail. Cela permettra au personnel de rentrer chez lui à peu près à l’heure prévue.
- Dissuader l’équipe d’utiliser la messagerie instantanée pour des questions liées au travail en dehors des heures de travail.
- Prévoir un après-midi par semaine ou toutes les deux semaines pour que les vétérinaires puissent rattraper leur retard en matière de formalités administratives, de formation continue, etc.
- Essayer d’éviter de programmer des interventions chirurgicales en fin de journée. Le fait de répartir les tâches en alternant les différentes exigences physiques et mentales au cours de la journée de travail permet de maintenir la vigilance et de réduire la fatigue.
- Dans la mesure du possible, faire en sorte que le personnel puisse avoir son mot à dire sur la programmation. Par exemple, faire participer le personnel aux discussions sur l’organisation des roulements.
- Encourager les pauses régulières au cours de la journée. En tant que responsable, veille à ce qu’il y ait des installations appropriées pour les pauses, loin des téléphones. Il peut s’agir d’espaces baignés de lumière naturelle, avec des plantes, des sièges confortables, des tapis d’étirement et des haut-parleurs Bluetooth, sans oublier les espaces réservés aux jeunes mamans pour leur permettre de tirer leur lait et de le conserver.
- Il est également recommandé de pouvoir faire des pauses à l’extérieur, pour prendre l’air.
- Surveiller régulièrement la charge de travail et la revoir si nécessaire.
Le stress émotionnel lié au patient dans le secteur vétérinaire
Le stress émotionnel est lié à la capacité à faire preuve de résilience, quelle que soit l’issue du cas en question, et à la capacité à gérer la souffrance des patients et de leurs familles. S’il n’est pas bien géré, ce stress peut conduire à l’une des causes du burn-out, la fatigue de compassion.
La fatigue de compassion peut affecter de nombreux professionnels du secteur vétérinaire, notamment les vétérinaires, les infirmier(-ère)s et les assistant(e)s. HappyVet Project propose à tous les centres vétérinaires un test gratuit sur la fatigue de compassion pour détecter la fatigue de compassion dans les cliniques et contribuer à réduire les arrêts maladie.
Améliorer le stress émotionnel dans les cabinets vétérinaires
La réduction des causes du stress dans les cabinets vétérinaires devrait être une priorité. Pour lutter contre le stress émotionnel, trois approches ont été proposées lors du congrès de la BSAVA :
- Faire remonter les plaintes des clients aux responsables (ou à une personne spécialisée dans la gestion des conflits) pour alléger la pression sur le personnel de la réception.
- Prévoir des pauses supplémentaires pour les réceptionnistes afin qu’ils prennent le temps de s’éloigner du téléphone et de la ligne de front.
- Disposer d’un thérapeute spécialisé dans le deuil pour soutenir les familles et le reste de l’équipe, en leur donnant la possibilité d’exprimer leurs sentiments dans les cas difficiles.
En tant que responsable du centre, il t’incombe de prévenir le burn-out des vétérinaires, des infirmier(-ère)s et des assistant(e)s. Éviter le burn-out est aujourd’hui une priorité pour retenir les employés talentueux dans le centre, réduire les congés de maladie et augmenter les niveaux internes de bonheur, de motivation et de qualité de service, ce qui a également un impact sur la satisfaction des clients. Il n’est pas nécessaire de mettre en œuvre toutes ces mesures en même temps. Bien souvent, la mise en place de deux ou trois changements dans la routine quotidienne suffit à réduire le niveau de stress et à améliorer la satisfaction de l’équipe dans son ensemble.
Références
- Portoghese I, Galletta M, Coppola RC, Finco G, Campagna M. Burnout and workload among health care workers: the moderating role of job control. Saf Health Work. 2014 Sep;5(3):152-7. doi: 10.1016/j.shaw.2014.05.004. Epub 2014 Jan 7. PMID: 25379330; PMCID: PMC4213899.
- How to manage stress in the workplace. Improve Veterinary Practice. https://www.veterinary-practice.com/article/how-to-manage-stress-in-the-workplace